Migration : Faire le plein

FAIRE LE PLEIN

Pendant la migration les oiseaux n'ont pas tout à fait le même régime alimentaire que pendant le
reste de l'année.
De nombreux insectivores deviennent frugivores, car les fruits ont un apport graisse/protéïnes bien
plus élevé que celui des insectes. De plus ils doivent se nourrir dans des lieux disparates, parfois
inconnus.
Certains oiseaux ont commencé à faire leurs provisions sur le lieu de reproduction. Ils font de même
en halte migratoire. Cette activité occupe presque toute leur journée.
Cette hyperphagie leur permet de constituer de grandes réserves de graisse, rapidement, et entraîne
une prise de poids assez importante.
Les gros oiseaux grossissent moins, car ça nuirait à leur vol.
Lors des réserves de graisse, en moyenne :
Les limicoles gagnent 60% de leur masse initiale
Les passereaux migrateurs au long cours, 50 %
Les passereaux migrateurs courte distance, 25 %
Les rapaces 10 %

Stratégies de halte :

Certains limicoles ne font qu'une ou deux haltes, et volent jour et nuit.

Les passereaux migrateurs au long cours parcourent des étapes d'une dizaine d'heures de vol en
moyenne, et reconstituent leurs réserves pendant plusieurs jours à chacune de leurs haltes.

Les passereaux migrateurs courte distance font des étapes et haltes fréquentes plus courtes.
Pour les petits passereaux, les étapes sont d'environ 100 km, parcourues dans la matinée. Ils mangent
l'après-midi et le jour suivant. Mais s'il n'ont passé qu'une après-midi à manger et repartent ; l'étape
suivante sera beaucoup plus courte (quelques dizaines de km)
Ils mettront 1 mois pour parcourir 1500 km.

La durée des haltes varie aussi selon la qualité du milieu où les oiseaux atterrissent, et leur capacité
à en tirer profit.
Si le lieu ne répond pas au besoins d'accumulation rapide de réserves, ils le quittent rapidement,
souvent le lendemain, pour en chercher un autre, à proximité.
Au contraire si le milieu est abondant en ressources, un oiseau peut y rester pendant une semaine.
Si le lieu est moyen, il y restera encore plus longtemps, car il luir faudra du temps pour accumuler
les réserves nécessaires.
Chez presque toutes les espèces, les juvéniles ont tendance à stationner plus longtemps.
Un oiseau n'ayant pas terminé sa mue devra prolonger ses haltes, car cette mue lui demande
une énergie supplémentaire.

Pendant la migration, chez la plupart des espèces, les oiseaux passent plus de temps en halte qu'en
vol.
Les arrivées en halte se produisent souvent la nuit, et des oiseaux se trompent parfois (ex : Grèbes,
plongeons, vus sur une route au matin, car ils l'ont confondue avec un canal).
Les petits passereaux se trompent régulièrement :(ex : Les Rousserolles, qui prennent un champs
de maïs pour une roselière.) Dans ce cas, ils changent de lieu au lever du jour.
Ils parcourent en moyenne 50 km par jour, contre 75 pour les migrateurs au long cours.

Les oiseaux exploitent leur site de halte sur une zone restreinte de 200 à 400 m en général
(1 km pour le Gobemouche)
Après quelques heures, ou le deuxième jour, ils se cantonnent à un tout petit périmètre, pour ne pas
gaspiller de l'énergie à voler et ainsi ne pas perdre de poids.

Les passereaux trouvent facilement de quoi se nourrir lorsqu'ils traversent l'Europe. La proximité de
l'eau est souvent recherchée, les insectes y étant plus nombreux.
Les haies avec arbustes à baies sont très fréquentées.
Dans les zones urbaines, les espaces verts aussi.
Les rapaces font surtout des haltes pour passer la nuit, souvent en groupe. En cas de mauvais temps,
ils peuvent stationner plus longtemps.
Les limicoles côtiers en France, s'arrêtent beaucoup dans les estuaires du nord de la France (Somme,
Seine, Baie du Mont St-Michel, Noirmoutier, Ile de Ré, d'Oléron, Marais salants de la Méditerrannée.)
Les Canards, Hérons, s'arrêtent beaucoup en Camargue, les Dombes, la Brenne…

Les oiseaux qui peuvent se passer de haltes, Martinets, Petits Faucons, se nourrissent en vol.
Les Hirondelles font des haltes tous les soirs, en se rassemblant en dortoirs, et se nourrissant juste
avant le crépuscule. Elles volent à faible altitude et leurs étapes sont courtes.

PINSON DES ARBRES
Progression de quelques heures par jour durant la matinée

CIGOGNES
Elles s'arrêtent tous les jours pour manger et s'attardent rarement plus longtemps

CTGNES, OIES
Quelques longues étapes entrecoupées de haltes de plusieurs jours à plusieurs semaines

ROITELET TRIPLE BANDEAU
Progresse par étapes courtes, et fait des haltes prolongées du fait de sa toute petite taille

RAPACES
Ils peuvent voler pendant plusieurs jours sans s'arrêter, sauf pour dormir.

TRAQUET MOTTEUX
Migrateur au long cours, très débrouillard. Il ne reste souvent qu'un jour, après avoir pris
0,9 gr, assez pour parcourir une étape de 210 km en 6 h. (sauf avant sa traversée marine)

HIRONDELLE RUSTIQUE
Elle a la migration la plus rapide ! Certaines parcourent plus de 300 km par jour. Leur
record est de 12000 km en 34 jours, aux Etats-Unis. Parfois plus sur 7 jours (par ex, observée :
3028 km soit 433 par jour.)

HIRONDELLE NOIRE
Deux Hirondelles d'Amérique ont parcouru 2500 km en 5 jours, mais se sont posées
ensuite 3 à 4 semaines dans le Yucatan. Une autre a largement battu ce record.

BARGE NOIRE
Elle peut se passer de haltes et parcourir 10000 km ou plus.

Très intéressant ! Merci pour cet article très détaillé

Merci, on apprend beaucoup. J'ai refait les autres, plus complets.

Oui idem j'ai appris bcp de choses.

Merci ! Et comme les sujets sont publics, (sauf les photos), tout le monde peut les lire.

Voici la vidéo qui illustre en partie ce qui est dit dans cet article, elle dure un peu plus de  mn.

Une bonne synthèse avec de belles séquences vidéo.

Je vous dirai lorsque j'aurais regardé la vidéo mais j'avais beaucoup aimé la première partie

Très intéressante synthèse de vulgarisation, qui plus est sur trois espèces de Passereaux que je connais assez mal... La migration des oiseaux est souvent mal connue et cet exposé très bien illustré va à l'essentiel et je le trouve très pédagogique !  
Pascal

Merci Dominique, Clément et Pascal. Je ne connaissais rien aux migrations et pensais qu'ils volaient d'une traite d'un endroit à l'autre.    J'étais loin de la réalité. Ce livre allait beaucoup dans les détails, de choses qu'on ne trouve pas beaucoup ailleurs.

J'ai fait une 3ème vidéo que je publierai bientôt, et là il est aussi question de la chasse, et surtout en général des causes de mortalité en migration.

Un avant-goût : la miniature

Explicite la miniature !

Mouais ...

Les seuls chasseurs que j'avais pris en photo

Je vois beaucoup de migrateurs, on est en plein dans la saison. Et donc je vais mettre certaines photos prises aujourd'hui ici.
Des oiseaux en halte migratoire, j'en ai vu quelques-uns depuis hier :
Linottes, Bergeronnettes printanières, Hérons garde boeufs, Gobemouche noir (mâle, qui arrive en premier)




Je ne reconnais pas bien le Gobemouche avec ces couleurs, mais peut-être est-ce le soleil qui rend son plumage ainsi. J'en ai vu 3 aujourd'hui.

Bravo pour ces observations moins courantes !
Très pratique d'ailleurs ce petit carnet

De superbes observations dont le gobemouche noir, celui qui tout noir et blanc est un ♂ en plumage nuptial, mais il y a une variation dans les couleurs, certains sont plus clairs un peu comme les ♀ (1ère photo de gobemouche)

Excellent tes notes sur ton carnet ! Pour l'échec de la reproduction, je suppose qu’elle doit arriver à plusieurs stades et pour différentes raisons,  à commencer par le bipèdes qui lancent du pain cela attire les mouettes/goélands/rats etc qui peuvent prédater les œufs....

Merci à vous deux ! Pour le Gobemouche, j'ai pensé que le deuxième aux couleurs plus variées n'était pas encore en plumage nuptial, si c'était bien un Gobemouche. L'autre oui ça se voit bien.
Pour le carnet ce n'est pas la plus belle page... mais c'est pratique.
Tu as raison çà peut commencer par les oeufs. Et la LPO Alsace mentionne le fait de Cygnes morts à cause du pain.

Les ♂ ont une tache blanche plus importante sur les ailes que les ♀.
On voit bien l'étendue du blanc sur ta 2eme photo (celui qui est plus coloré)

Voici une planche faites avec des photos du site "Oiseaux.net"

De belles photos et un beau montage. Je reconnais bien le dernier, que j'ai filmé avec ces couleurs, et je ne savais pas qu'il était "1ère année", je vais le mentionner sur ma vidéo.
Le mâle en plumage ordinaire est beaucoup moins noir. Et je ne savais pas que les femelles pouvaient avoir un plumage nuptial. Merci !!!!