Migration : en plein vol

EN PLEIN VOL

Pour les oiseaux qui migrent en vol battu, la taille a beaucoup d'importance, car cette forme de vol
leur demande beaucoup d'énergie.
C'est chez les grands oiseaux atteignant une certaine taille, que la capacité de vol est la plus réduite.
Ils ont besoin de haltes très longues, ce qui allonge considérablement le temps de leur trajet migra-
toire.
Mais plus une espèce est grande, plus la période de reproduction est longue. La mue est plus longue
aussi, et tout ceci leur interdit de migrer sur de longues distances, s'ils veulent arriver à temps pour se
reproduire.
Face à de grandes barrières à franchir (mer, déserts…) sans vent arrière pour les propulser, beaucoup
d'oiseaux meurent au cours de ces traversées, épuisés !
Un vent qui les pousse augmente considérablement leur vitesse.
Les conditions idéales pour partir sont si rares, que lorsqu'elles se produisent, beaucoup d'oiseaux
partent d'un coup, même s'ils n'ont pas reconstitué toutes leurs réserves.
Si ces bonnes conditions durent plusieurs jours, ils font des haltes courtes, et en profitent pour voler.
Si le vent est contraire, ils s'attardent sur leur site de halte, où ils s'accumulent, et
repartent tous en même temps ou presque.
Ca ne concerne pas tous les oiseaux. Certains migrent par vents contraires. Tels les Pinsons, Pipits
Farlouse, Choucas des Tours, Hirondelles rustiques, Martinets noirs…)

EXEMPLES :

GRIVE A DOS OLIVE et à JOUES GRISES :
Elles ne partent que si le vent est inférieur à 10 km/h.
Les Grives à dos olive font un détour migratoire incongru : les populations de l'ouest du
Canada rejoignent l'Amérique centrale par la côte est.


FAUVETTES GRISETTES :
Elles ne partent que si le vent est à moins de 5 km/h

Au printemps en Europe, le mistral et la Tramontagne sont des vents qui peuvent bloquer la migration
vers le nord. Ce sont 2 vents puissants et froids, venant du nord -nord-ouest.
De plus, les vents peuvent faire progressivement déporter l'oiseau, de son cap initial.
Devant ces phénomènes les oiseaux ont 3 stratégies possibles :

1) Compenser en permanence, et partiellement, cette déviation, ce qui leur demande beaucoup d'
énergie. Mais ceci n'est possible que si le vent n'est pas trop fort, à moins qu'ils modifient l'altitude
de leur vol.

2) Se laisser déporter par des vents très forts, et modifier le cap à l'approche de leur destination de
halte, en perdant de l'altitude, à condition qu'ils arrivent à localiser ce site.

3) Plus rarement, comme en Amérique, ils ne compensent pas la déviation et font des zigzags, et
finissent par arriver à bon port.
Les jeunes sont moins aptes à compenser cette déviation et se retrouvent souvent en dehors de leur
route. Et plus un oiseau est petit, plus il se fait déporter.
Des milliers d'oiseaux meurent en mer, dont beaucoup de jeunes, faute d'avoir su utiliser les vents
au mieux, par inexpérience.

Les migrateurs diurnes à courte distance, volent en général très bas 100 m, au plus.
Les migrateurs au long cours ont souvent intérêt à s'élever entre 1400 et 2000 m, zone plus favorable
pour eux, bien que le fait de monter leur demande beaucoup d'efforts.

Les conditions favorables pour migrer sont : un ciel dégagé, et des vents très faibles ou portants.
En Europe en automne, une série de dépressions venant de l'Atlantique (pluie, vent de sud-ouest),
durant plusieurs jours, peut bloquer totalement la migration en général. A l'inverse les vents de nord-
ouest à nord-est favorisent les départs, car les oiseaux vont vers le sud.
Ces fenêtres favorables sont souvent de courte durée, pendant lesquelles des déplacements importants
ont lieu.

Atterrissages forcés :

Les départ des migrateurs se fait souvent de manière dense, mais les oiseaux poursuivent leur route
dans des directions différentes. Et parcourent des distances plus ou moins longues, selon leur condi-
tion physique. Leur atterrissage se fait surtout en quelques points stratégiques.
Ils sont parfois obligés de se poser avant d'arriver à l'étape prévue, parfois en catastrophe, épuisés,
s'ils ont eu la chance de ne pas traverser la mer au mauvais moment, lors des conditions météo
dévavorables en cours de route, alors qu'elles ne l'étaient pas lors de leur départ.
Il leur arrive de se poser aussi en atterrissage forcé, lorsque des vents les ont déviés de leur trajet.
Les atterrissages forcés sont assez fréquents, que ce soit en automne ou en hiver.

Migrer de nuit ou de jour :

La grande majorité des insectivores migre la nuit. Pour les oiseaux d'eau, ils partent environ une heure
ou plus, avant le coucher du soleil.
Chez les passereaux c'est plus variable, mais la plupart partent environ 1 h après le coucher du soleil.
Ils atteignent leur étape de halte environ 2 h avant l'aube.
Une minorité de passereaux, mirateurs courte distance, principalement des granivores, migrent
surtout le jour. Ils sont moins contraints par le temps (la durée).
Ce sont surtout les fringillés, motacillidés (Pipits, Bergeronnettes, …)
Les Bergeronnettes et Hirondelles sont les seuls passereaux migrateurs au long cours qui migrent de
jour.
La migration des oiseaux de mer, corvidés, Pigeons, est presque exclusivement diurne,
Migrer la nuit a au moins 3 avantages :
1) les oiseaux ont plus de temps pour se nourrir dans la journée
2) Les turbulences, vents, sont souvent moins forts la nuit
3) L'air étant plus frais, les risques de désydratation , etc… sont très faibles.

Les migrateurs diurnes ont l'avantage de pouvoir trouver plus facilement un site de halte, et il leur
est plus facile de rester groupés. Leur migration globale est plus lente.
En une nuit, un migrateur s'il est en forme, peut parcourir 200 km, et même le double.

Seuls ou en groupe :

Certaines comme les rapaces, qui vivent seuls avec leur famille, on une grande propension à se
regrouper, voler en bande, au moins sur une partie du trajet.
C'est peut-être parce qu'ils se dirigent vers un même lieu de ressources, mais encore plus probablement,
parce qu'ils doivent suivre des routes très précises, et on besoin de l'expérience des plus expérimentés
pour choisir et trouver les meilleures conditions de vol.
Les petits passereaux en général, lorsqu'ils volent la nuit, partent seuls, mais pas toujours.
Ils forment parfois de larges groupes.
Il arrive qu'un passereau parti seul, rejoigne un oiseau de son espèce, et qu'ils continuent la route à 2.
Voler en groupe à un avantage sur la résistance à l'air, comme les vols en V, en ligne, ou en échelon.

Migration rampante :

Selon la configuration du paysage, certains migrateurs, peut-être pas très pressés d'arriver, préfèrent
progresser pendant la matinée, tout en se nourrissant, plutôt que de s'arrêter dans un lieu fixe.
Ils passent de buisson en buisson, en suivant leur direction.
Ce comportement est le plus répandu chez les Mésanges, les Roitelets.

Pièges à migrateurs :

Près de la moitié des passereaux meurent pendant la migration, aller ou retour, ou encore sur leur
site d'hivernage.
En vol c'est souvent à cause des erreurs de navigation, surtout en mer. D'autres s'épuisent face au vent.
D'autres, moins aguerris, ne parviennent pas à se nourrir suffisamment, et arrivent exténués sur leur
site d'hivernage, trop faibles pour se nourrir, ils meurent.
Chez les gros oiseaux, la mortalité pendant la migration peut être aussi très élevée, mais la cause en
est l'humain :
Près de 75 % des Cigognes blanches jeunes succombent aux tirs illégaux, et aux collisions avec les
lignes à haute tension. Du fait de l'envergure des gros oiseaux, le contact de 2 fils provoque
l'électrocution. (Grues, Cygnes, Balbuzards…)

Les rapaces sont nombreux à succomber lors de la traversée du Sahara.
La prédation et la maladie sont aussi une cause importante.
Les Pinsons des arbres, Pinsons du nord en sont victimes à raison de 10%, pendant leurs 6 semaines
de migration. Les Eperviers, Faucons suivent les passereaux, qui constituent une grande part de leur
régime alimentaire à ces périodes.
L'Epervier s'attaque plutôt aux oiseaux en halte qu'en vol.
Tempêtes, ouragans, font aussi partie des principales causes de mortalité.
Les tempêtes de sable causent la mort de nombreux oiseaux volant à faible altitude, les Hirondelles
en sont les principales victimes.
Les collisions avec les structures lumineuses sont nombreuses.
Les baies vitrées font aussi beaucoup de victimes, lors du nourrissage des oiseaux par les particuliers
en hiver, mais moins que les chats.
Les éoliennes commencent à provoquer la mort de dizaines d'oiseaux par an, souvent des gros oiseaux,
Cela peut avoir un impact énorme sur ces oiseaux à faible population. (Vautour fauve, Aigle royal,
Milan royal, Faucon crécerelle)

La chasse :

Chez les anatidés, limicoles, colombidés, la chasse est certainement la plus grande cause de mortalité
en migration, au moins lorsqu'ils traversent la France. 15 à 20 millions d'oiseaux migrateurs sont ainsi
tués.
Mais elle a d'autres conséquences néfastes :
1) Le stress des oiseaux s'alimentant dans ces zones, peut réduire l'efficacité de leurs système immu-
nitaire.
2) La distance de fuite des oiseaux (même ceux non chassés), s'accroît de manière importante, et
demande beaucoup d'énergie aux oiseaux. De même leur efficacité alimentaire en est amoindrie,
donc condition physique moindre, et succès reproducteur plus faible également.
Il y a 1,2 millions de chasseurs en France !

Vidéo de 5 mn pour parler d'une partie de ce que j'ai copié dans ce sujet,

Très bon et instructif sujet, bien développé dans ton texte et parfaitement mis en image dans ta synthèse vidéo.

très intéressant, merci.

Digne d'un véritable documentaire animalier !!! Très didactique, les images sont bien en corrélation avec le texte lu Je ne connaissais que l'aspect des migrations de nuit, notamment des Rapaces, donc ici j'ai appris beaucoup sur celles des Passereaux Anne-Marie, on attend les suites avec impatience .

Pascal

ps: petit complément, dans le numéro d'Octobre/Novembre de "Natimages" est présenté un nouvel ouvrage sur la migration des oiseaux.
En voici le titre " Dans le sillage des Oiseaux migrateurs", de Christian Moullec et Xavier Müller, éditions Dunod.

Merci beaucoup Clément, Dominique, et Pascal, c'est gentil !
Dans la prochaine je parlerai surtout des effets des conditions climatiques en vol.
Christian Moullec c'est celui qui propose de voler avec lui en ULM avec les Bernaches, donc avec toi Pascal. Merci je vais regarder.

Effectivement Anne-Marie, c'est bien lui. Avions ou parachutisme ne me posent pas de problème mais jamais été vraiment confiant avec ce genre d'appareil volant ... Donc c'est avec grand plaisir que je te laisse la place !!!

Pascal

Vidéo qui illustre une partie du texte que j'ai écrit plus haut.
Si les oiseaux n'avaient pas besoin de migrer, et trouvaient à manger sur place, il y aurait moins de mortalité.

Une bonne vidéo façon documentaire bien illustré et commenté.

Merci Dominique !

Sujet très intéressant et bien développé Anne-Marie, un grand merci à toi Je n'ai pas eu le temps de regarder les vidéos mais rien que de voir des fous avec un fusil, ça me met vraiment en rogne

Si quelqu'un a besoin d'idées cadeaux pour offrir aux oiseaux (à Noël ou pour un anniversaire par ex.) : boussole, ciré, gourde et sac isotherme seront très appréciés
Je vais également réfléchir à un concept d'application de type Blablacar mais pour oiseaux...cuicuivol par ex.

Désolée, mais ça me fait tellement de peine pour tous ces pauvres oiseaux que j'ai besoin de raconter une c......e

Carole

Il y a les chasseurs mais aussi beaucoup de braconnage.
J'avais pris ces chasseurs en photo de loin.
Et aujourd'hui la LPO a tweeté sur le déterrage des Blaireaux en plein confinement, autorisé. Et là c'est pire je crois... comme pour les Renards.  

Dimanche dernier, au matin, c'était tuerie à volonté autour de mon patelin, et les détonations n'étaient pas bien loin.... Merci l'élargissement aux 3H00, rarement entendu tirer autant de coups !
Ont dû fêter ça les tueurs en série.
Ce qui me remonte le moral c'est le matin en allant au job, à la lueur des phares, je vois sur mes petites routes beaucoup de Lièvres, souvent au bord des routes, se déplaçant parfois de quelques mètres.
En espérant pour eux qu'ils ne fassent pas parte de la prochaine fournée

Pour en revenir aux Blaireaux, le complexe que je suivais pour le GMB et dont j'avais posté les photos, grand complexe avec de nombreuses bouches abritant plusieurs familles a été tout simplement, au Printemps dernier........Retourné complètement au tracto-pelle !!! Plus aucune trace de ce site probable de reproduction, sur une petite route tranquille ou ils ne dérangeaient personne....Ensevelis car j'ai été sur le site quelques temps après et le tracto est monté sur le talus en façonnant le sol façon soupie , ne leur laissant aucune chance de sortie.
Quand j'entends par les soi-disants gouvernants et autre écolos de salon dire que les Français ont pris conscience de leur environnement et de l'intérêt de le rotéger, cela me fait doucement marrer !!!

Pascal

Ce gouvernement est une véritable honte
Les médias font du matraquage à longueur de temps pour nous faire croire que le comportement des Français est réellement en train de changer mais ça, c'est dans leurs rêves. Pure société de consommation et d'égoïstes, pauvre nature Tu parles d'une évolution

Carole

C'est bien triste tout çà, le tracto-pelle est passé uniquement dans le but de les détruire ? Mais pourquoi ? Aura-t-on un jour un gouvernement qui protègera la faune ? J'ai bien peur que non malheureusement, et je pense à tous ces animaux morts d'e mort atroce, pour rien.

Affirmatif, car le reste du talus boisé qui s'étend sur une centaine de mètres n'a pas été touché !!! Suspections sur un agriculteur pas loin, étonnant d'ailleurs car la parcelle qui longe la haie où se trouvait le complexe est une pâture pour des laitières ... Plus probablement et SURTOUT probablement chasseur, et comme les Blaireaux sont considérés ici comme "nuisibles", il à dû en retirer un plaisir jouissif

Pascal

   

J'ai des envies de révolte. Je ne dis à personne quand j'en vois un pour éviter qu'il ne soit recherché pour être abattu.
L'homme a surtout oublié que c'est lui le plus grand nuisible

Carole